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« mon neveu, et serois fort résolu de ne lui pas quit-« ter. » Lors le Roy se prenant à sourire, et lui frap­pant sur l'épaule : « Mon bon amy, lui dit-il, le châ-« telet vous le donneroit, mais la cour vous l'ôteroit» Et à l'instant s'en alla, se mocquant de lui.
Le 2 5 septembre, sœur Tiennette Petit, de l'Hôtel-Dieu de Paris, bailla la nuit, à une autre fille sa com­pagne, quelques coups de couteau, en intention de la tuer; .et à Jeanne Lenoir, vieille religieuse, coupa la gorge du même couteau; puis, craignant d'être punie, se précipita d'une haute fenêtre en la riviere, d're­tirée sans être offensée, fut menée aux prisons du cha­pitre de Paris, et fut, par le bailly dudit chapitre, condamnée à être pendue devant l'Hôtel-Dieu. La sen­tence fut confirmée par arrêt de la cour, qui l'envoya pendre à Montfaucon avec l'homicide couteau.
En ce tems, le Roy fit entendre à Milon, principal intendant de ses finances, qu'il ne se vouloit plus servir de lui en cet état, et qu'il se retirât à Paris1 pour exer­cer son état de president des comptes. De quoy Milon averti revint le soir à Paris, et partit le lendemain de grand matin pour l'Allemagne, où on a eu opinion qu'il manioit quelques affaires pour le Roy, parce qu'on ne saisit rien en sa maison, et qu'on ne lui fit point son proces, comme aux autres tresoriers. Il changea de nom, se faisant appeller Rencourt. Sur quoy on fit les vers suivans :
Milon n'a plus ce nom , il se nomme Rencourt ; Et en changeant de nom il a changé d'office : Ce premier importun le tenoit trop de court, Le second lui fit prendre un champêtre exercice.
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